9 heures 30 précises, en route pour une excursion en Hollande. Nous sommes une bonne vingtaine ; combien exactement ?, impossible à dire (NDLR : 26), certains sont arrivés après le départ : espéraient-ils épargner 2 euros (Benoit les a repérés, il a subi un écolage très strict) ou pensaient-ils qu’on démarrait à 9 heures 39 ?
Jef, un peu fébrile (le vaccin ou une cuite la veille ?), me fait part de ses appréhensions, mais je le rassure « Non, Jef, tu ne seras pas tout seul » (NDLR : ça ressemble à du Brel). On nous avait annoncé un vent modéré (donc assez fort pour un cyclo), mais, ô surprise, il nous pousse, on caresse les pédales. De plus, à part quelques « bossellettes » (celui-là, je viens de l’inventer), le parcours est plat jusqu’à la frontière hollandaise où nous devons emprunter la piste cyclable et où nos emmerdes commencent…DEJA QU’ON PART TROP TARD😢.
Gianni célèbre dignement son baptême en s’offrant carrément un petit batave d’une vingtaine d’années dans un « frontal » (terme avancé en direct, mais qu’on traduira par contact musclé). Match nul pour cette fois ; on programme la seconde manche le 13 juin ? 😒 Petites précisions pour les adeptes de l’ultracrépidarianisme( très présents sur les réseaux sociaux) : en Hollande, pistes cyclables obligatoires, capitaines de route et voiture suiveuse interdits ; il faut absolument rouler calmement en file à 20 km/h max…ici, 3 km, donc 9 minutes, je pense que ce n’est pas un effort insurmontable. Peut-être faut-il opter pour une solution plus radicale et supprimer les sorties en Hollande qui nous posent souvent des problèmes malgré l’empathie dont nous faisons preuve avec nos déguisements actuels… Nous avons déjà été arrêtés par la police, sauvés par les talents dans la langue de Vondel et la diplomatie de Willy… Episode plus récent, la disparition soudaine de Sylvie et d’Eric, son brillant copilote… précédant une succession de crevaisons… c’était dans la même zone, notre triangle des Bermudes.
Nous avons, après un temps certain de flottement, quitté la piste cyclable pour anticiper très légèrement notre pause en attendant notre kiné qui avait tâté les deux antagonistes (afin de justifier son forfait annuel). Quand nous sommes repartis, Zident était proche des ouvreurs pour éviter qu’ils se fourvoient, mais la voiture était momentanément (pensait-on) absente. Du côté de Banhof, avec Jef, nous aurions préféré être capitaines de queue ; en suivant les injonctions de Zident, nous sommes revenus sur le territoire national et…
Dans les environs de Mouland, mon pneu arrière donne des signes de faiblesse évidents. J’effectue tant bien que mal les 2 premières opérations quand David Bolly, qui a envie de rentrer avant la tombée de la nuit, prend les choses dans ses mains expertes. C’est le moment que choisit Benoit C. pour me demander d’un air faussement innocent : « C’est normal, ça ? » Horreur ! Mon dérailleur pendouille. Je suis complètement paumé (au point d’oublier que j’ai trois assurances d’assistance), Steve ne ménage pas ses efforts, Christian amène sa petite clé de 2 et David, lui, reste serein. 6 ou 7 cyclos nous entourent et me regardent (je suis le phare) tantôt d’un air goguenard (il pourrait prendre soin de son matériel) tantôt compatissant en imaginant que tout chez moi doit être à l’avenant. Mise au point : pneu (Vittoria pro avec bande anti crevaison) et chambre à air ont un mois maximum ; quoi qu’en dise Steve, la veille, j’ai nettoyé ma chaine avec le Morgan blue préconisé par le Président. Face à ces critiques injustifiées, je suis resté stoïque.
Mais où était passée la voiture suiveuse ? Je vous livre MA version, très éloignée des bobards qu’on a tenté de nous faire avaler. Comment Philippe, qui est toujours parmi les premiers pour rendre service a-t-il pu déserter ? Il a obtempéré aux ordres du président qui, affichant 150 pulsations, a profité de ses talents de polyglotte pour s’installer à ses côtés dans la voiture. Comme le gamin éploré, très choqué et tremblotant leur avait dit qu’il était amstellodamois, les deux compères se sont projetés, le temps d’un instant, dans une escapade dans le port d’Amsterdam où ils chantaient, buvaient, dansaient en compagnie des marins… Hélas pour eux, la famille avait loué un gite à une vingtaine de kilomètres de l’impact. Après avoir chouchouté le « poyon orange », ils ont rencontré la famille, coupé leurs GSM, pris l’apéro (on comprend mieux cet acharnement pour le départ à 9 heures30) en portant un toast à l’amitié belgo-néerlandaise. Ensuite, ils ont pris le chemin le plus rapide pour la rue Carl Jost à Retinne.
Fin de parcours sans problème avec le Tourne Bride où les plus forts se sont mesurés tandis que les autres étaient contents d’arriver au sommet. A Retinne, les capitaines ont snobé l’avant-dernier carrefour (se croyaient-ils toujours en Hollande ? ), faisant chuter la moyenne. Dernière ligne droite et Benoit C. se paye un petit plaisir solitaire (les autres n’ayant pas envie de jouer) ; il a juste été rejoint par Daniel G. qui, traditionnellement, s’occupe du dernier carrefour et qui voulait échapper à certains commentaires désobligeants sur ses chaussures.
Au Ritz, Benoit arbore un large sourire, assurément son sprint a été jouissif. Pierre et Daniel entament un débat sur un sujet inhabituel, très rarement traité après une randonnée… »La vitesse ». Ne me sentant pas vraiment concerné, je me contente des images : ils ont l’air passionnés et j’observe même un tir nourri de postillons que n’aurait pas renié Jürgen Conings… « Gozzo, le Rambo des terrasses » à l’affiche dès le 9 juin.
P.S. : Derrière ses paupières relookées, j’imagine les yeux exorbités de Picsou, si Philippe lui avait présenté la note pour la virée présidentielle.
Voiture suiveuse : les randonnées du 18 juillet au 3 octobre ne sont pas couvertes. Pour les rusés qui joueraient la temporisation en se disant qu’il n’y en aura pas pour tout le monde, ils seront évidemment conviés pour les premières randonnées de 2022, car au CCTNS, ON N’EST PAS DES PIGEONS ! BG.