Si vous avez déjà connu la pénissibilité de vous retrouver paraplégiques derrière un attroupement guignolesque et bariolosé dandinant du croupion, défiant les lois de la pesanteur (dans tous les sens du terme), actionnant avec leurs pieds un appareil qui leur a donné leur surnom, nul doute que votre flemme légendarissime a explosionné.
Ces comiques déhanchés prennent des libertés conditionnelles avec les usagers normalement et cérébralement constitués du code de la route qui, grâce à leur réflexivité vandammesque évitent la pirouette.
Je vais donc essayer de conter avec la plus grande objectabilité les historiettes qu’a tenu à mettre en luminosité un lecteur fidèle que, pour respecter son anonymage, je nommerai aléatoirement, à l’insu de son plein gré, Tonton Pierrot.
24 cyclos avaient décidé de profiter de cette journée estivale sous l’oeil professionnel de Vincent D. qui avait même prévu d’emporter une potion magique pour soigner instantanément une éventuelle déshydratation.
Les conversations allaient bon train, perturbées de temps à autre par les injonctions gutturales coutumières des capitaines de queue. Nous nous sommes retrouvés rapidement à Esneux pour aborder le long faux plat qui devait nous mener à Limont en passant par Houte Si Plou (on n’a rien entendu ) et durant lequel nous avons apprécié le super tempo imprimé par les ouvreurs Jef et Christian.
A la pause, j’ai fait part de mon désarroi à Michel V. : j’étais bloqué sur le grand plateau, impossible de descendre ; Steve et Pierre (après avoir remisé son sourire sarcastique) ont aussi tenté de solutionner le problème…en vain ; comme l’a dit péremptoirement Benoit B. qui citait Cédric Vasseur, manager de l’équipe Cofidis, « Les changements de vitesse électriques, c’est merveilleux, mais c’est capricieux » (cela dit, j’ai roulé neuf ans et demi sans connaitre le moindre problème).
Moment d’anthologie quand notre chercheur a sorti fièrement sa collection de clés « allen » couleur rouille sous l’oeil médusé de notre Président qui, on le sait, souffre de maniaquerie chronique…La populace s’excitant dans notre dos vu que les 10 minutes de pause accordées à Flori après d’âpres négociations étaient dépassées, Steve s’est un peu taché les mains pour poser la chaîne sur le petit plateau (ce qui m’a valu des commentaires désobligeants et déplacés de qui vous savez) et nous sommes repartis alors que le gros de la troupe (ils étaient nombreux) était déjà à 200 mètres.
Après une longue descente réparatrice (pour ceux qui utilisaient le grand plateau), alors que nous étions dans la côtelette « casse-pattes » d’Esneux, une conductrice ménopausée a voulu se payer un « strike » en sortant d’une station d’essence en marche arrière (même pas l’excuse d’être blonde !). Alors que l’adrénaline était montée en flèche, j’ignore quel benêt a lâché: « Elle ne l’a pas fait exprès ! »
Dans la longue côte de Dolembreux, Fabrice, qui s’était entraîné la veille dans le mur de Huy a fait mieux que titiller les stars du groupe (il allait récidiver dans le Bay Bonnet) ; à bonne distance, certains, partis trop vite, s’écrasaient et étaient rejoints, voire dépassés, par les premiers lâchés volontaires.
Pendant ce temps, Tonton Pierrot poussait la chansonnette…une cata.
Laissons-lui son rêve de s’imposer à l’Eurovision…en cas d’attaque bolchevique contre la Belgique.
A peine arrivé au sommet, j’ai entendu que l’énervement avait gagné deux cyclos, dont j’ignore l’identité, qui s’engueulaient pour une histoire de demi-roue et de sécurité (s’était-il agi d’un sprint houleux pour les points de la montagne ?), j’ai également entendu le coup de klaxon rageur d’un automobiliste avant que Daniele, nouvel apôtre de François, entame sa première mission pacificatrice sur le sol belge.
Ce genre d’incident est heureusement rarissime au CCTNS dont les mots-clés doivent rester entraide, amusement, respect (sauf dans le Cactus😂😀),accueil, tolérance…L’énervement à vélo est très souvent provoqué par un dépassement de ses limites qui provoque une perte de lucidité.
De plus, si vous êtes mal lunés au réveil, restez bien au chaud sous la couette et rêvez dans les bras de Morphée.
« Chaque affilié au club est tenu de respecter le code de la route… »Carnet, page 1, ligne4 ! Tous les membres du club ont parcouru cette ligne, même Vincent G. dont le seuil de tolérance pour la lecture est de 6 lignes.
Et pourtant, à Prayon, un tiers du groupe a franchi le feu qui ne pouvait pas être plus rouge. 7 pigeons se sont arrêtés, persuadés que, comme le veut la tradition, on les attendait 100 mètres plus loin.
Nouvelle déception, eh oui tout fout le camp, les fuyards ont voulu profiter de l’aubaine pour se présenter au pied du Bay Bonnet avec une avance confortable.
C’était sans compter sur les qualités de rouleurs de Steve, David D.,David B.( je ne peux citer tout le monde, je regardais la roue devant moi)…seul un équipage plus lourd a été décramponné sans remords car, 500 mètres plus loin, il enclencherait « Watt!Watt!Watt! » en chantonnant.
Jonction effectuée à l’entame de la montée au moment où les voisins se sont écriés « Ah ! les cinq minutes de Thierry commencent ». Je vous laisse interpréter ce commentaire à votre guise.
Chaos bordélique (cette redondance est voulue pour tenter de montrer à quel point vous pouvez être indisciplinés et dissipés) et les instits éprouvèrent beaucoup de difficultés avant qu’un beau rang ne se reforme.
La classe est alors retournée joyeusement et sans encombres au point de chute….c’est du moins ce qu’on pensait. Deux trainards, de surcroît très bavards, n’ont pas accroché le groupe (peut-être n’en étaient-ils plus capables) et personne ne s’en est aperçu, car le capitaine de queue avait déserté son poste pour préparer SON SPRINT (sa petite gâterie du dimanche).
Quand nos deux lascars se sont retrouvés au double rond-point, comme ils n’étaient plus préservativisés, ils ont été surpris par l’arrivée intempestive d’un engin motorisé à quatre roues et ont failli être « spratchés », Tonton Pierrot se retrouvant en position reptilienne (pas la plus « likée » du kama-sutra).
On a voulu monter cet incident en épingle, livrer Michel V.(le second déserteur de la journée) à la vindicte populaire pour crime de lèse-majesté.
Vu qu’il s’est soucié de l’état de mon vélo (au risque de lui refiler le tétanos), j’ai pris sa défense, simple , mais efficace.
A l’approche d’un carrefour, un groupe doit toujours rester compact afin que le capitaine de route reste exposé le moins de temps possible.
De guerre lasse notre chercheur, alléché par l’odeur du houblon, a donc eu raison de succomber à la tentation…cela leur servira de leçon.
Comble de l’histoire, après que Tonton Pierrot m’a eu raconté cette dernière blagounette, j’ai scruté plus de 20 minutes ses jambes d’athlète…et n’y ai pas aperçu la moindre égratignure. Ah ! les cuirs d’antan !